Désolé pour la lecture c'est un peu long, mais cela vaut le coup...
Voilà c'est le grand jour, 3ème objectif de l'année après un semi marathon et un marathon sur route. Un trail qu'on peut qualifier de roulant mais quand même pimenté de belles montées.
On est plus de 300 au départ. Pas de coureur élite de la région ou de france sur la course. Cela peut donc donner une course assez ouverte .
C'est parti, on est laché dans les rues d'aurillac, et voilà qu'on monte des marches. Tout ceux qui m'entoure les montent 2 par 2. Moi je préfère les monter une par une. Eh ben c'est un urbain trail ou quoi, on est pas loin d'une centaine de marches et certains y ont laissés des plumes déjà, après même pas 1km de course. Je suis vers la 10ème place après 2 km de montée sèche.
Maintenant c'est du faux plat montant principalement et descendant parfois sur les 5 km qui suivent. Au train, je remonte les places et je double le 3ème guillaume Doineau qui fait une pause pipi. Les 2 premiers ont déjà une avance considérable qu'on est pas prêt de les revoir.
J'aborde la première descente du 7ème km en m'engageant à 90% pour me préserver. On enchaîne de suite par une côte pentue, et à la marche, guillaume me rejoint, me double et prend de l'avance. Je reviens sur lui sur les portions roulantes, il me relâche sur toutes les cotes raides, bref c'est le yoyo entre nous 2 à l'approche du 1er ravitaillement du 18ème km que je passe 4ème à 4min environ des 2 premiers.
Ravitaillement ultra rapide pour moi, et je sors 3ème et attaque "la côte" de la course avec 500m de dénivelé positif. Bien sur, guillaume me rejoint et me double sur les portions raides. Ensuite j'essaye de revenir dès que je peux sur lui sans non plus trop puiser, car on a pas encore fais la moitié de la course. Bref, j'arrive au sommet 4ème et chose incroyable je vois les 2 premiers pour la première fois depuis 20km de course, qui semblent avoir perdu du terrain sur moi et guillaume. Ni une ni deux, guillaume accélère sur un faux plat descendant à travers champ, fait fuir un troupeau de vache, et il arrive à rejoindre le deuxième de la course qui a laché beaucoup de terrain sur le 1er. Moi je suis derrière à 200m environ et j'attends encore avant de produire un effort conséquent car il reste beaucoup de chemin.
Bien m'en a pris car sur la petite portion grimpante suivante je double le 3ème Jean françois Gardes, et aussi guillaume. Et je devient 2ème. C'est assez rocambolesque comme course. Le premier, laurant barbet, je le connais bien, pour l'avoir déjà battu de peu sur un trail. On est assez proche dans le style.
C'est la mi course et nous voilà à 4 assez proche. Je me fait reprendre au fil du parcours et notre petite stimulation à 3 fait que l'on rejoint le 1er vers le km 29. Incroyable.
Guillaume attaque de nouveau, suivi de jean françois, je lâche du terrain et laurent accuse le coup de s'être fait rejoindre. Dans une descente à travers champ, je me fais une belle frayeur, car je suis arrêté net par un fil de fer de clôture au niveau du nombril. Je l'avais pas vu le bougre, je suis pendu, comme du linge sur un fil. J'aurai pu me faire très mal, mais ça va. Je repars, mais un peu perturbé, 15m plus loin, je bute dans une motte de terre, et réalise une belle roulade. Pas de bobo, et c'est reparti. C'est l'aventure. On a fait 2/3 de la course. km30.
De nouveau 4ème, c'est profil descendant, guillaume a nettement ralenti, je le double. Je rejoins rapidement les 2 premiers, maintenant à 5m de moi. On est sur mon point fort la descente un peu technique. Je sais que je vais passer devant, je regarde ma montre pour immortaliser le moment exact où je vais prendre la tête pour la première fois. Et crac, la cheville se tord avec craquement sur une pierre et je pousse un cri de douleur et réalise de nouveau une chute spectaculaire.
Et là, d'un coup, je prends une énorme gifle. Quel con je suis, de regarder ma montre plutôt que le sol. Tous les espoirs m'abandonnent, je repars, mais je peux plus être sur le même rythme. J'ai mal pendant 200m. Guillaume me repasse devant, je redeviens 4ème et j'en mène pas large, avec la peur de ne plus pouvoir courir. Mais au bout de 200m, la cheville est chaude, et je peux remettre du rythme sur le plat qui suis. Ouf, je suis pas mort.
Fin de la descente, c'est du plat et du faux plat montant, et je re double cette fois jean françois qui a des crampes, devant les 2 marchent. Incroyable, moi j'ai pas envie de marcher sur cette longue côte pas trop pentue. Et donc je cours, je double guillaume et je double laurent. Je deviens 1er au km33 alors qu'il y a peu j'ai failli ne plus pouvoir courir. Je maintien mon rythme et l'écart se creuse et je commence à plus voir personne derrière moi. Eh ben, c'est un scénario de fou. J'arrive au ravitaillement du 36km en tête, seul.
Je repars, il reste environ 10km, et toujours des montées que je réalise en courant principalement. Personne derrière, je commence a ressentir des signes de fatigues, mais je serre les dents, et si c'est dur pour moi, c'est dur aussi pour ceux derrière me dis je. On arrive sur les hauteurs d'Aurillac.
km 43 sur 45, on rentre dans un lotissement de la ville, je commence a ressentir des sueurs froides, mais il reste 2km et cela va le faire. Cela fait 10km que je suis en tête et là je commence à me dire que cela sent de plus en plus bon. Mais c'est bizarre, on quitte la ville pour retourner dans des chemins. Et là stupeur, je vois une côte raide avec des randonneurs qui cheminent sur un chemin en zig zag jusqu'au sommet.
C'est pas possible, je vais pas y arriver, je commence a être livide, je me sens pas bien du tout. Je commence à même y voir un peu trouble. Qu'est ce qui se passe. Merde, je me suis mal alimenté. J'ai 2 barres énergétiques de retard. En effet, je tourne à l'eau très légèrement sucré depuis 2h. J'ai complétement oublié de me rationner correctement. Je ne suis pas habituté à faire cette distance en trail, et là je comprends que pour la première fois de ma vie je fais une hypoglycémie.
J'ai qu'une idée, au moment où je commence l'ascension, c'est de m'allonger sur l'herbe. Je titube, un vrai chemin de croix. Je me retourne, et je vois guillaune qui a grand pas qui me passe devant, je le félicite car il vole vers la victoire. Il est suivi à 50m par un gars revenu de l'arrière de la course. Moi je monte vraiment pas vite, et voilà qu'à mi côte laurent me passe à son tour. Plus de première place, plus de podium. J'ai mangé mes 2 barres de retard, mais je fini la côte à la dérive complète. J'ai aucune lucidité pour descendre maintenant, c'est en escargot, que je bascule non sans faire une 3ème chute. Ca commence à être long, il y a bien plus que les 45km annoncé. En bas de la descente, sur une portion plate, un autre gars revenu de l'arrière me passe et c'est pas tout, la première féminine me passe aussi. C'est l'hémorragie.
Quand est ce que je vais refaire surface. Je suis 6ème, 47km à ma montre pour un 45km, toujours pas d'arrivée en vue, 25min que je navigue tant bien que mal. Mais je commence, enfin à me revigorer et je peux remettre du rythme, je suis 6ème et je vais tenter de finir dans les 5. J'accélère, et je fonds et double la première féminine (c'est pas très galant, c'est vrai). Ah c'est l'arrivée, mince, j'aurai bien tenté de revenir sur le 4ème. Je passe la ligne, finalement bien marqué. Guillaume a gagné de peu et je suis bien content pour lui. Il m'a mis 10min sur 4km.
C'est assez exceptionnel tout ce que j'ai ressenti sur cette course. Rien que pour cela, je suis très très content. J'ai aussi une déception légitime, mais franchement qu'elle aventure. 3 erreurs importantes de ma part (alimentation, ne pas regarder le sol en descente, et ne pas avoir analysé en détail le profil des 10 derniers km). Tout cela me coute la victoire.
Très belle organisation. Des partenaires de course admirable, beaucoup d'encouragements mutuels, on était compétiteurs mais pas vraiment adversaire, c'est assez spécial. Des beaux paysages.
Je fini bien marqué physiquement cheville tordu, genou rapé, main abimé, mais rien de bien grave.
Impressionné par la première feminine, qui a réalisé une course incroyable.